Ma césarienne





Pendant ma première grossesse, je ne voulais pas de césarienne. Comme la plupart des femmes je suppose...
Et puis rien ne présageait que j'en aurai une, alors finalement je n'y avais même pas vraiment pensé en fait !

Et puis l'accouchement...
J'ai perdu les eaux quelques jours après le terme. J'ai eu des contractions dans la demi-heure mais le travail n'avançait pas...
Après 19h passées à l'hôpital j'étais dilatée à 3, on m'a enfin posé la péridurale ! Le soulagement !
Et puis ça a été encore assez long...
Encore 9h après on commençait à me préparer pour une césarienne en me disant qu'on allait essayer la voie basse, mais qu'on se préparait à l'urgence... Moi, je n'en pouvais plus. La péridurale ne faisait plus d'effet, on attendait que l'anesthésiste refasse "une dose". J'étais à bout de forces. J'ai répondu "allez-y, préparez".
Une heure après, j'avais de la fièvre. Mon bébé était en souffrance. Je rentrais au bloc.
On a sorti mon bébé, on me l'a montré, on l'a transféré en réanimation dans un autre hôpital. Mais quelques heures après on a su que notre fille allait bien et qu'on l'aurait auprès de nous dès le lendemain.
Je me sentais seule sans mon bébé, mais la peur était derrière nous alors tout irait bien.

Je n'ai pas du tout mal vécu cette césarienne.
Certainement parce que l'équipe médicale a été formidable. Les sages-femmes, les auxiliaires de puériculture, le médecin, l'équipe de la salle de réveil... tous ont fait leur maximum pour m'expliquer les choses, me rassurer et me soutenir malgré l'absence de Papa à Dada qui lui est resté bien seul en salle d'attente.
Aussi parce que la séparation d'avec mon bébé avait été très difficile et l'intervention chirurgicale me paraissait être un détail à côté. Ou plutôt, c'était ce qui avait sauvé mon bébé. Finalement cette césarienne, elle était salvatrice ! Je la voyais comme une chance. J'avais l'impression d'avoir tout fait pour mon bébé : j'avais donné toutes mes forces, j'avais suivi tous les conseils, et j'avais mis mon accouchement rêvé de côté. Mon bébé était dans mes bras et j'étais heureuse.

Mais le temps passait et en parlant avec d'autres femmes j'ai commencé à entendre des réflexions surprenantes...

"Ah moi, jamais je n'aurais accepté de césarienne !"
Alors dans l'urgence on accepte pas une césarienne, on nous la fait et on sort le bébé le plus vite possible !
Et quand elle est programmée c'est souvent parce qu'un accouchement par voie basse serait risqué. Alors non, on ne met pas son bébé en danger, c'est notre première responsabilité de parent !

"Oh ! on pratique trop de césarienne, c'est de la complaisance pour le médecin qui veut rentrer chez lui plus tôt"
Je ne connais personnellement aucune femme ayant eu une césarienne de complaisance, alors je ne sais pas si cela se fait si souvent que ça. Par contre ma césarienne a eu lieu vers 6h du matin. On a fait venir à l'hôpital tout le personnel d'astreinte qui dormait tranquillement chez lui. Non, ça n'était pas de la complaisance !

La pire : "Ah ! Tu n'as pas réussi à mettre ton bébé au monde seule !"
Dans la liste des choses que j'ai réussies : j'ai eu mon bac du premier coup, j'ai appris à parler deux langues étrangères, et même, un jour j'ai réussi à faire un soufflé qui n'est pas aussitôt retombé lamentablement. Par contre, mettre un bébé au monde par voie basse... Ça ne compte pas comme réussite ça mesdames. C'est de la chance en fait. Parfois la nature fait son travail, parfois non.
Une naissance qui se passe bien et naturellement n'est pas que le fruit d'une bonne préparation : la chance y est pour beaucoup. Il faut que le col se dilate correctement, que le bébé s'engage bien, qu'aucune infection ne survienne pendant l'accouchement... et beaucoup d'autres paramètres...
J'ai mis mon deuxième enfant au monde par voie basse. Ce que j'en pense ? La nature a été clémente avec nous pour ce deuxième accouchement qui m'a demandé beaucoup moins d'énergie que le premier. Pousser pendant 20 minutes demande moins de ressources que de supporter des contractions pendant 20 heures...

J'ai vite arrêté de parler avec ces femmes nocives. Certaines mères se mettent en compétition pour n'importe quel prétexte... qu'elles restent entre elles si ça les amuse !

Mais maintenant je comprends que des mères vivent mal leur césarienne, si on leur bourre le crâne avec des idioties !

Et puis il y a l'équipe médicale qui est parfois maladroite... À la naissance de Petit Olivier on m'a dit : "Ça pourra être un peu long car c'est un premier accouchement ! " PAR VOIE BASSE !!!! Vous avez oublié une partie de la phrase !!! Parce que non ça n'était pas mon premier accouchement !!! Je savais bien ce que voulait dire la sage-femme à ce moment-là : le corps a une mémoire et s'il a déjà vécu un accouchement par voie basse, il se souviendra comment faire et mettra certainement moins de temps. C'est pour cela qu'on constate souvent qu'un deuxième accouchement est moins long que le premier. Dans mon cas, le corps n'était jamais allé jusqu'au bout, il allait donc être confronté à la nouveauté.

C'est ce genre de réflexions qui contribuent à empêcher certaines femmes de bien vivre leur césarienne. Et c'est à ces femmes que je veux m'adresser aujourd'hui en racontant mon expérience.
Bien entendu, toutes les césariennes ne se font pas dans l'urgence, toutes ne sont pas faites parce que la vie du bébé est en danger ! Et vous savez quoi ? C'est tant mieux !
Je ne regrette qu'une chose par rapport à ma césarienne : qu'on ne l'ai pas faite plus tôt ! On aurait alors sorti un bébé tout rose un peu secoué et on me l'aurait posé sur la poitrine pour l'accueillir dans notre monde ! À la place on a sorti ma fille, violette, ne respirant pas, on l'a allongée sur une table froide et on lui a enfoncé des tuyaux dans la bouche ! Tu parles d'un accueil !
Alors aux mamans qui regrettent qu'on n'ait pas essayé la voie basse un peu plus longtemps : peut-être que vous avez évité ça à votre bébé.

Ne laissez pas les gens vous faire culpabiliser. Ça n'est pas une honte de mettre au monde par césarienne.
Et contrairement à ce que beaucoup de gens croient (et j'étais la première à croire ça, je ne sais pas d'où vient cette légende), on peut accoucher par voie basse après une césarienne. Il faut réunir certaines conditions : une bonne cicatrisation (un an minimum entre la naissance du premier enfant et la conception du deuxième, ce qui fait moins de deux ans d'écart entre les enfants, on se classe donc encore dans la catégorie des "enfants rapprochés"), un bébé qui se "présente bien" (pas de bébé en siège) et un accouchement déclenché naturellement (ce que je ne savais pas avant la naissance après terme de Petit O' c'est qu'on pouvait quand même donner un petit coup de pouce pour que l'accouchement ne traine pas en longueur !)
N'hésitez pas à réfléchir à votre projet de naissance et à en parler avec l'équipe pour que tout soit bien clair. Juste avant d'entrer en salle de naissance pour Petit Olivier, je me souviens avoir tout récapitulé avec le médecin : on allait tenter la voie basse, mais si les choses trainaient en longueur, on n'attendrait pas de détresse fœtale
 pour sortir le bébé !

J'avais commencé la rédaction de cet article alors que j'attendais encore Petit Olivier, au moment où je revivais cette attente du dépassement de terme. Ce moment où pesait sur moi le spectre de mon premier accouchement et où finalement je commençais à souhaiter une césarienne programmée afin d'éviter tous les tracas d'une naissance dans l'urgence.
Finalement, tout s'est bien passé et j'ai laissé cet article dans mes brouillons car avec mon nouveau statut de maman de deux enfants rapprochés, la césarienne ne faisait plus partie de mes préoccupations quotidiennes.
Et puis il y a eu cet article : Trois vérités sur les femmes qui accouchent par césarienne.
Ça m'a fait du bien de le lire et je me suis dit que mon expérience pouvait toucher d'autres femmes !
L'article de Maman Raconte "Ma césarienne et moi !" est aussi un article que j'avais apprécié. Elle a une autre vision des choses puisque sa césarienne avait été programmée, mais elle aborde aussi des aspects dont je ne parle pas ici comme la douleur après l'opération (franchement on s'en remet !) ou l'allaitement (oui c'est possible ! j'ai allaité Colombe pendant 13 mois, mais vous n'êtes pas obligé d'en faire autant ^^). Alors n'hésitez pas à aller lire son article !

À toutes celles qui ont peur d'une césarienne imminente et à celles qui culpabilisent d'avoir mis leur bébé au monde de cette manière j'ai envie de dire ce que je me suis répétée entre le bloc opératoire et la salle de réveil :

Ça n'est pas l'histoire dont j'ai rêvé, mais maintenant c'est notre histoire et c'est ce qui la rend précieuse !




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